Sanctuaire de Sainte-Julienne de Cornillon

De l'adoration eucharistique à la Fête Dieu à Liège

Diagnostic préalable

Lors de la visite des lieux par le bureau d’architecture pour prises de mesures et relevé de l’état sanitaire de l’église, ils ont pu faire
les observations suivantes :

Type de peinture

On remarque que l’intérieur de l’église a fait l’objet d’une remise en peinture complète (datant certainement de plusieurs décennies).
La peinture utilisée est très probablement de type « non respirante » ce qui explique sa dégradation rapide lorsque son support est humide. La teneur en eau dans les maçonneries varie avec les températures suivant les différentes saisons. Ce type de peinture
réagit assez mal à ces variations hygrométriques. Cela se traduit notamment par une microfissuration de la couche superficielle et par endroit à un écaillage de la peinture. On observe également des problèmes d’adhérence au support à plusieurs endroits. C’est notamment le cas au droit des colonnes entre nef centrale et bas-côtés.
On remarque sous la couche de peinture, la présence de décors. Il pourrait certainement s’agir d’anciennes peintures faux marbres, très répandues sur les colonnes et pilastres dans les église de cette époque (1720 – Baroque)
-> exemple : Eglise Sainte-Catherine en Neuvice.
Les plinthes sont d’ailleurs décorées de peintures faux marbres et sont peut-être un vestige des décors préexistants.

Infiltrations d’eau

Les surfaces où la peinture est fortement écaillée correspondent à des zones d’infiltrations ponctuelles. On les repère généralement au sommet des murs, au pied des voûtes. Il s’agit bien souvent d’infiltrations par les chéneaux ou gouttières. Des tuyaux de descente percés ou bouchés sont aussi parfois à l’origine de ces entrées d’eau qui se manifestent, côté intérieur, par des dégradations des finitions (enduits, peintures, stucs). Nous avons repéré à l’intérieur plusieurs surfaces limitées de finitions dégradées (voir plans). Il est donc primordial de vérifier et réparer toutes les gouttières, chéneaux, zingueries ou tuyaux de descente défaillants avant d’entreprendre la rénovation des finitions intérieures. Il est également nécessaire de stopper toute entrée d’eau afin que la maçonnerie puisse sécher avant la rénovation ou la réfection des enduits et peintures.

Humidité ascensionnelle

Une autre source d’humidité est l’humidité ascensionnelle, humidité qui provient du sol et qui monte dans les maçonneries par capillarité. L’humidité ascensionnelle ne monte pas plus haut que max. 120 cm par rapport au niveau du sol. Ce problème est récurrent dans les bâtiments anciens, construits avec des matériaux poreux, qui plus est sur des terrains gorgés d’eau. L’humidité ascensionnelle migre
vers le côté « chaud » de la maçonnerie (côté intérieur) transportant des sels hygroscopiques qui vont apparaître sur la surface intérieure du mur. On observe ainsi une dégradation accrue des finitions en pied de mur. C’est le cas le long du pied de mur Sud Est de la nef
latérale mais aussi au pied de l’alcôve derrière la statue de Saint-Joseph. L’espace extérieur jouxtant le mur Sud-Est a été couvert. Il s’agit donc d’un espace intérieur protégé.

Nous avons relevé la présence d’une chambre de visite (ph n°55). Il est donc probable qu’une conduite d’égout enterrée longe le mur de façade Sud-Est. Il est toujours intéressant de procéder à une inspection par caméra de ce type de conduit enterré, certainement en grès , afin de vérifier si la conduite n’est pas cassée à un endroit ce qui peut également constituer une source
d’humidité ascensionnelle. Pour pallier au problème de l’humidité ascensionnelle, il est possible de procéder à des injections en pied
de maçonnerie de façon à créer une barrière étanche. On laisse ensuite sécher la maçonnerie (les sels vont apparaître en surface) pendant quelques mois. On brosse ensuite les sels et on peut procéder à la réfection des finitions. Ce procédé doit être couplé à une réfection d’enduit « respirant » à la chaux auquel on peut ajouter de la brique pillée à sa composition qui réagit très bien aux variations hygrométriques du support et a un effet régulant.

Salissures

On note la présence de surfaces noirâtres au-dessus de chaque radiateur. Cela s’explique par la circulation de l’air chaud qui monte depuis les corps de chauffe vers le plafond véhiculant ainsi la poussière et la saleté présente sur ces radiateurs et sur les moulures et plinthes situées derrière les radiateurs.

Pont thermique

On constate également de fortes dégradations ponctuelles des enduits et des peintures au niveau de certains ébrasements de fenêtre. Cela s’explique par un phénomène de pont thermique. La température extérieure se transmet à l’intérieur par conduction thermique d’éléments en pierre présents dans les encadrements et qui sont continus entre extérieur et intérieur. On assiste alors à un phénomène de condensation à
l’intérieur sur ces éléments (lorsqu’il y a une forte différence de température entre intérieur et extérieur) ce qui provoque une dégradation progressive des enduits et des peintures avec un détachement complet de ceux-ci à terme. Ce phénomène ne peut être réglé qu’en
prévoyant l’isolation des ébrasements et un vitrage isolant, ce qui n’est pas envisageable dans le cas des églises étant donné la présence des vitraux…

Palette chromatique

Les teintes utilisées actuellement dans l’église sont : Le bleu pour les voûtes. C’est un bleu assez clair. Les nervures sont peintes en blanc. Les arcs entre voûtes sont en blanc également avec dorures de certains détails des décors stuqués. Les murs sont dans une teinte légèrement beige. Les statues de la Vierge et de Saint-Joseph aux extrémités des bas-côtés sont dans une alcôve peinte en rouge « lie de vin ».
Dans le Choeur, murs et voûte sont dans une teinte beige mais les nervures semblent peintes dans une couleur plus claire (tirant vers le blanc).

Remise en peinture

De manière générale, il nous a semblé que l’église des Saints-apôtres était relativement sombre. Bien entendu ce constat est fait en hiver, début d’aprèsmidi, par une journée peu lumineuse. Les conditions d’illumination sont donc déjà défavorables. Mais la position de l’église dans le site et certains aménagements contribuent aussi à ce manque de luminosité. Tout le flanc Sud Est de l’église s’adosse à une colline
très boisée. De plus, la couverture de l’espace extérieur jouxtant la façade Sud Est a également fortement réduit l’apport de lumière par les vitraux du bas-côté Sud Est. La principale source de lumière se fait donc par la façade Ouest.

La couleur des murs et plafond participent également à assombrir le lieu. Le plafond bleu avait certainement un intérêt lorsqu’il faisait partie d’une logique de décor global. On peut certainement imaginer que l’église, à l’origine, présentait des colonnes et pilastres en faux marbres, un plafond bleu (peut-être plus foncé et peut-être étoilé, pour représenter la voûte céleste) et peut-être d’autres décors sur les murs.
Aujourd’hui la confrontation entre le beige des murs et le bleu des voûtes ne met pas en valeur l’espace et contribue à l’assombrir.
Intentions pour le projet de remise en peinture.

Il nous semble dès lors que le projet de rénovation des peintures doit atteindre les objectifs suivants :
• Plus de clarté
• Plus d’unité au niveau de la partie XVIIIe (nef centrale, bas-côtés, voûtes
• Mise en exergue du Choeur roman -> ambiance différente par la couleur -> le Choeur est le point de fuite vers lequel le regard converge

Suite à ces observations et en vue de réaliser un estimatif d’avant-projet le plus réaliste, nous prévoyons les interventions suivantes :
Rénovation des finitions intérieures
• Décapage de la peinture existante
• Décapage ponctuel d’enduit (au droit des infiltrations)
• Réfection ponctuelle d’enduit à la chaux
• Injection en pied de mur (en option)
• Réfection ponctuelle de décors stuqués (sur les arcs)
• Remise en peinture de l’ensemble de l’église