Sanctuaire de Sainte-Julienne de Cornillon

De l'adoration eucharistique à la Fête Dieu à Liège

« Incarnation », exposition d’icônes

Dans le cadre des festivités de Liège Fête-Dieu, Sophie Gilman expose vingt de ses plus belles icônes sur le thème de l’incarnation.

Vernissage le samedi 3 juin à 18h30. Clôture le dimanche 25 juin.
Ouvert en semaine de 17 à 19h et le week-end de 10 à 18h, ou sur rendez-vous +32 479 33 44 59

✅ “Émouvant”, “très beau”, “inspirant”, “ici, les icônes russes côtoient paisiblement les icônes ukrainiennes”. Joli succès pour le vernissage de l’exposition d’icônes byzantines de l’artiste liégeoise Sophie Gilman.

Le thème de l’incarnation, présence sensible de Dieu dans le monde, est magnifiquement illustré par une vingtaine d’icônes inspirantes. Autant d’épisodes de la vie de Jésus-Christ. De l’Annonciation, moment clé de l’incarnation, au grand format de la résurrection, en passant par de rares icônes de l’enfant et l’ado Jésus, Emmanuel, qui signifie “Dieu-avec-nous”.

Sophie Gilman écrit ses icônes sur bois de tilleul avec la technique de la tempera dans laquelle l’oeuf est utilisé seul comme liant et dilué avec de l’eau. Elle explique: “C’est une des techniques de peinture les plus anciennes. Les oeuvres réalisées ont conservé jusqu’à nos jours une fraîcheur de ton inégalée.” Elle a été employée jusqu’au début du XVe siècle par les peintres comme Botticelli. Les peintres d’icônes, dont Sophie Gilman, ont continué à pratiquer cette peinture sur bois.

Cette superbe exposition inaugure la semaine de festivités de Liège Fête-Dieu, 777e édition de la Fête du Corps et du Sang du Christ depuis 1246, telle que révélée à sainte Julienne, à Cornillon vers 1208.

➡️ L’expo est ouverte jusqu’au 25 juin dans la salle saint Thomas d’Aquin du Sanctuaire de sainte Julienne à Liège. Sophie Gilman vous accueillera.

Sophie Gilman est diplômée de l’enseignement supérieur des Beaux-Arts de Liège section peinture monumentale à l’huile. Son diplôme et son premier prix de la couleur en poche, elle s’est ensuite passionnée pour l’Art sacré , en  » écrivant  » des icônes byzantines avec la technique de la tempera ( pigments à l’oeuf ) depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle a dispensé des cours d’iconographie d’iconographie et de stages à Bxl et en France. Née en novembre 1956, d’origine bruxelloise, elle habite Liège où elle peint dans le silence et la beauté. Son œuvre iconographique est évaluée à environ 200 pièces et se retrouve dans différents pays d’Europe et d’Afrique. Cette exposition thématique proposée reflète donc aujourd’hui la quintessence de son évolution picturale et spirituelle.

Sophie Gilman a déjà exposé à de multiples reprises dont en Italie (Abruzzes), en France (Bretagne), à Brialmont (Belgique) et à Bruxelles (U.O.P.C.)

Voici quelques photos prises lors du vernissage (c) Sanctuaire de Cornillon – JG

Icône et Incarnation

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«Depuis quelques décennies, l’on observe un regain d’intérêt pour la théologie et la spiritualité des icônes orientales, signe d’un besoin croissant du langage spirituel de l’art authentiquement chrétien». Ces paroles du Pape Jean Paul II dans sa lettre apostolique Duodecimum Saeculum, écrite pour le douzième centenaire du second concile de Nicée, soulignent l’authenticité de l’art de l’icône orientale et la place importante qu’elle occupe dans la Tradition ecclésiale.

Pour la théologie orthodoxe, l’icône ajoute à l’œuvre d’art, elle a une dimension transcendantale et prétend rendre présent le monde de Dieu. L’icône est vénérable du fait de l’Incarnation du Verbe. Jésus-Christ est l’Emmanuel, ce qui signifie Dieu-avec-nous. Par cette Incarnation, cœur de la foi chrétienne, « image » et « théologie » se trouvent liées si étroitement que l’expression « théologie de l’image » pourrait devenir presque un pléonasme si l’on considère la théologie comme une connaissance de Dieu dans son Verbe, Jésus-Christ, qui est l’Image consubstantielle du Père. Créé à l’image de Dieu, dans le Fils-Image, l’homme peut à son tour créer les icônes, images immanentes de l’Image transcendante.

L’Église voit dans l’icône non pas seulement une illustration de la Sainte Écriture, mais un art qui correspond parfaitement à cette dernière; elle attribue donc à l’icône la même signification dogmatique, liturgique et pédagogique qu’à la Sainte Écriture. Si la parole de celle-ci est une image, l’icône, elle, est aussi une parole. « Ce que la parole communique par le moyen de l’ouïe, la peinture le montre silencieusement par la représentation « , dit saint Basile le Grand. Et « par ces deux moyens qui s’accompagnent mutuellement [ … ] nous recevons la connaissance de la même chose ». Autrement dit, l’icône contient et annonce la même vérité que l’Évangile; elle est par conséquent, comme l’Évangile, fondée sur des données concrètes exactes et en aucun cas sur une invention humaine, sinon elle ne pourrait ni correspondre à l’Évangile, ni le manifester.

L’iconographie engage toute la foi dans la réalité de l’Incarnation, que le Dieu révélé en Jésus-Christ a réellement racheté et sanctifié la chair et tout le monde sensible, c’est-à-dire l’homme avec ses cinq sens, pour lui permettre «d’être renouvelé sans cesse à l’image de son Créateur» (Col 3,10)[1].

Une icône est une révélation[2] qui se contemple, parce qu’elle est belle, bonne, et vraie. Elle est une fenêtre qui fait voir le Beau, le Bon et le Vrai. Elle est belle, non seulement pour sa valeur artistique incontestable, mais parce qu’elle permet de contempler le visage du Beau et désirer de le ressembler. Elle est bonne, non seulement pour sa valeur exhortative morale, mais par ce qu’elle suscite un désir permanent d’un retour à la loi de l’amour. Elle est vraie, non seulement pour sa valeur didactique reconnue, mais parce qu’elle permet de contempler la Vérité. L’icône qu’on écrit dans la prière se contemple dans la prière. Le même Esprit qui inspire celui qui l’écrit, inspire celui qui la contemple.


[1] Jean-Paul II, «Duodecimum Saeculum», 9

[2] cf. P.A. FLORENSKIJ – E. ZOLLA, Le porte regali, 44.